Le Graal de Google

Le Graal de Google

Ou comment Google, un Gafa, l’une des plus grosses firmes mondiales, a recruté une équipe multidisciplinaire de scientifiques (anthropologues, sociologues, …) pendant 3 ans afin de répondre à une seule question ?

Comment constituer l’équipe la plus performante ?

Google, ROI de la data, a bien évidemment passé au crible toutes les données liées à l’expérience, aux études, aux écoles, … SANS RESULTAT

L’équipe de chercheurs indépendants a par la suite suivi 200 équipes différentes pendant 3 ans !

Des résultats pas si étonnants

Leur hypothèse première s’est tournée autour de deux axes : 
– Le niveau d’affinité entre les membres de l’équipe
– L’absence de personnalités pathologiques

Cette hypothèse n’a pas été validée

En étudiant les comportements individuels et collectifs, les chercheurs ont identifiés deux comportements en corrélation directe avec les niveaux de performance des équipes :

Un partage de la parole et un fort niveau d’empathie

Autrement dit, chaque membre s’exprime librement, il n’y a pas de dominance, ou un petit cercle décidant pour le reste du groupe. Les rôles de leader tournent en fonction des compétences de chacun. Et tous les membres du groupe ont une forte empathie, capable de décrypter les émotions des autres membres.

La sécurité psychologique

Les équipes les plus performantes ont créé un climat de confiance permettant à chaque membre d’exprimer ses idées, sa créativité et son leadership. Les chercheurs parlent de « sécurité psychologique ».  

La recette magique

Ce climat se développe par un fort niveau d’écoute, de respect et d’empathie.

S’ajoute à cela :

Une nécessaire fiabilité des membres, créant la confiance

Une clarté des rôles et des objectifs de chacun

Un sens aux missions de l’équipe

L’impact de l’équipe dans les résultats de l’entreprise

Une conclusion personnelle

A l’heure ou la cohésion des groupes basée sur l’extra-professionnel, les teams building, les affinités, la startup attitude … fait référence, cette étude démontre l’inverse : l’affinité n’est pas la clé. Mettre un niveau de respect et de responsabilisation élevé est l’ingrédient principal pour rendre une équipe performante. Il faut évidement ajouter du sens pour la motivation et de la transparence pour la cohérence.

L’investissement le plus rentable se porte sur l’intelligence émotionnelle, les qualités d’écoute et de leadership de chacun des membres de l’équipe. 

J’AI LA MEMOIRE QUI FLANCHE

J’AI LA MEMOIRE QUI FLANCHE

Quelle est la durée de vie d’une information en mémoire ?
Comment fonctionne la mémoire ? À partir de quand une information est-elle oubliée ? Quelles sont les conditions qui favorisent l’apprentissage ?

La courbe de l’oubli : un indicateur

Ebbinghaus propose la courbe de l’oubli afin de rendre compte des délais de rétention d’une information. Par ses expérimentations, il a pu mettre en évidence divers moments auxquels l’information était plus ou moins retenue. En l’occurrence, il a montré qu’en l’absence de répétition de l’information, de 50 à 80% du savoir disparaissait dès le lendemain. Un  mois plus tard, seules 2 à 3% des informations étaient encore accessibles en mémoire.

50 À 80% DE L’INFORMATION OUBLIÉS DÈS LE LENDEMAIN

Ebbinghaus

À la lumière de ces résultats, nous comprenons pourquoi les étudiants doivent préférer apprendre leurs cours sur le long terme, avec de fréquents rappels pour augmenter la disponibilité de l’information en mémoire. Apprendre un volume conséquent d’informations en une seule fois, avant un examen par exemple, s’avère alors inefficace.

Mais qu’en est-il de la formation pour adultes ?

Cela soulève une interrogation concernant l’utilité de la formation en présentiel, celle-ci permet-elle réellement d’atteindre ses objectifs ? Il est a minima nécessaire d’étaler les séances de formation sur plusieurs jours, voire quelques jours sur plusieurs semaines, afin d’ancrer en mémoire les informations délivrées. En effet, il est possible d’inverser cette courbe si des rappels fréquents sont faits.
Bien entendu, les ressources attentionnelles de chacun peuvent différer, c’est pourquoi adapter le temps de formation à chaque individu peut également être important, surtout pour un public adulte qui a l’habitude d’être pro-actif, les formations durant lesquelles la communication est exclusivement descendante peuvent être en inadéquation avec les ressources des individus présents, et donc entraver l’encodage en mémoire des informations. Les mises en situation peuvent être un moyen pédagogique efficace pour palier cela.

Différents types de mémoire

Tout d’abord, il existe la mémoire à court terme, également appelée mémoire de travail. C’est la capacité à retenir temporairement des informations et à pouvoir les traiter ensuite, dans le but de réaliser une tâche. Nous pouvons ensuite aborder le système de représentations perceptives, qui comprend les éléments perceptifs que nous avons l’habitude de rencontrer, ils nous sont donc très familiers. Cela nous permettrait de reconnaître très vite un stimulus familier. Ce système ne stockerait pas en revanche le sens de cet objet, qui serait récupéré dans la mémoire sémantique. La mémoire sémantique est la mémoire des connaissances générales, des concepts, des significations. Elle représente tout ce que nous savons. D’un autre côté, la mémoire épisodique sert à stocker la mémoire des événements passés (les épisodes de notre vie), ce sont toutes les informations qui nous concernent, elles participent donc à notre identité. Finalement, la mémoire procédurale est la mémoire des actions, elle stocke tous nos savoir-faire, qui correspondent à nos habiletés motrices.

Quels sont les processus qui entrent en jeu ?

La première étape est l’encodage, c’est l’acquisition de nouvelles informations, qui sont encodées par un système de mémoire, ce processus est fait de façon sériel, l’information entre d’abord dans un système pour ensuite pénétrer dans un autre système etc. La seconde étape est le stockage dans différents systèmes, ce processus se fait de façon parallèle, c’est-à-dire que l’information est stockée de façon différente dans plusieurs systèmes, selon sa nature et la fonction du système de mémoire. Enfin vient le moment de la récupération de l’information en mémoire, où les informations peuvent être accessibles par la conscience, ce processus se fait de façon indépendante, un système peut récupérer l’information, indépendamment d’un autre système.

MÉMOIRE ET ATTENTION : LE SECRET DES BIAIS COGNITIFS

MÉMOIRE ET ATTENTION : LE SECRET DES BIAIS COGNITIFS

Les biais cognitifs conditionnent notre manière de penser, d’agir ainsi que la façon dont nous pouvons juger autrui. Ils peuvent nous empêcher d’avoir accès à la totalité de l’information et nous envoient ainsi parfois dans la mauvaise direction. S’il en existe une multitude, je vous en partage seulement quelques-uns.

Pourquoi oubliez-vous systématiquement certaines informations ?

L’effet de récence

Nous avons tendance à mieux nous souvenir d’une information que nous venons juste de percevoir car très récente, elle est toujours présente dans notre mémoire à court terme. Si cette information n’est pas répétée, elle disparaîtra très vite, elle ne sera pas ancrée en mémoire à long terme.

L’effet de primauté

C’est la tendance à mieux se souvenir de la première information dans un temps donné. Cela, en raison du fait que c’est la première chose qui a été encodée, elle est donc ancrée en mémoire à long terme grâce à l’auto-répétition.

Ces deux effets ont été mis en évidence lors d’expérimentations au cours desquelles on a demandé à des participants de retenir une liste de mots.

Ces deux effets interpellent, cela pourrait signifier que lors d’une réunion ou d’une séance de formation, il faudrait placer les informations les plus importantes en début et en fin de séance.  Par ailleurs, ils jouent également un rôle dans la première impression, expliquent qu’il sera plus difficile de nous en défaire parce que mieux mémorisée.

Je rappelle que ce ne sont pas les seuls biais et processus qui entrent en jeu dans la mémoire, ils ne sont pas seuls responsables de l’encodage ou de l’oubli de certaines informations.

Connaissez-vous l’effet cocktail-party ?

Vous êtes à une réception, pleinement concentré sur une discussion avec quelqu’un. Il y a beaucoup de bruit et vous ne percevez rien des autres conversations. Soudain, quelqu’un prononce votre prénom, et votre attention est redirigée vers cette personne, vous avez soudainement prêté attention à un son provenant de l’extérieur, alors que vous ne perceviez rien des conversations précédentes. Ce biais, mis en évidence par Cherry en 1953, montre que nous sommes capables de soutenir notre attention sur quelque chose de particulier, et met en évidence l’existence d’un filtre attentionnel qui nous permet d’ignorer toutes les informations jugées non pertinentes, en revanche lorsque notre prénom est prononcé, il passe la barrière de ce filtre, car évidemment cette information est pleine de sens et nous interroge.

Trois formes d’attention

Le recours à chacun des types d’attention dépend du type de tâche que à accomplir. Cependant, l’augmentation du recours aux nouvelles technologies, et particulièrement les nouvelles technologies de l’information et de la communication tendent à modifier nos processus attentionnels. En effet, nous sommes aujourd’hui constamment sollicités, il peut être difficile de se concentrer sur une seule tâche (qui peut être très complexe parfois) alors que diverses notifications nous sollicitent en permanence (mails, appels, sms, réseaux sociaux…). Nous sommes même très souvent sur plusieurs écrans à la fois et traitons ainsi un important flux d’informations. Des études ont pu mettre en évidence que les individus, notamment les plus jeunes, qui sont nés avec ces nouvelles technologies, tendent à avoir plus souvent recours aujourd’hui à l’attention partagée et ont plus de difficultés en revanche à focaliser leur attention dans le temps, comparativement à leurs ancêtres. Cependant, certaines tâches nécessitent évidemment de l’attention soutenue, qui devient ainsi de plus en plus difficile à maintenir. Cela peut parfois déboucher sur des troubles attentionnels divers, rendant ainsi la personne incapable de se concentrer sur une tâche sollicitant toutes ses ressources.

L’attention partagée

Notre attention est divisée entre plusieurs sources d’informations.

L’attention sélective

Nous sélectionnons une seule source d’informations alors que plusieurs peuvent pénétrer nos canaux sensoriels. Par exemple, on va seulement s’intéresser à la personne avec qui nous sommes en train de mener une conversation, et occulter les autres.

L’attention soutenue

Nous sommes très concentrés, nous allouons toutes nos ressources attentionnelles à une seule tâche, qui nécessite de résister aux distractions environnantes.

La perception que l’on a de notre environnement est-elle toujours exacte ?

L’effet pygmalion

L’effet pygmalion, découvert par Rosenthal avance l’idée selon laquelle nous adaptons notre comportement de façon à ce qu’il vienne confirmer ce que nous pensons de quelqu’un ou de quelque chose. Ce sont des prophéties auto-réalisatrices, engendrées par le changement de comportement que l’on adopte pour venir confirmer nos propres croyances. Rosenthal avait mené une expérience dans laquelle il confiait 12 rats à deux groupes d’étudiants différents en leur communiquant deux types différents d’informations. Le but de ces étudiants était de faire réaliser aux rats un parcours dans un labyrinthe. Un premier groupe se voyait recevoir un groupe de rats sélectionnés de façon extrêmement sévère, et donc qu’ils devaient parvenir à des résultats exceptionnels, tandis que le second groupe de rats était présenté comme banal, et il leur était dit que pour des raisons génétiques, il serait même très probable qu’ils échouent. Finalement, le premier groupe de rats parvenait à cheminer dans le labyrinthe, tandis que le second groupe de rats présentait un nombre important de difficultés. Il s’est finalement avéré que les étudiants avaient adapté leur comportement avec les rats en fonction des informations reçues, ils s’étaient montrés aimants et sympathiques avec les rats sur lesquels on leur avait dit qu’ils étaient doués, tandis qu’ils s’étaient montrés détachés, voire négligents avec les rats qu’on leur avait présentés comme étant plus « faibles génétiquement ». Cette expérience a montré que nous nous comportons ainsi différemment selon les croyances que nous avons sur les personnes, objets de notre environnement. Il est important de connaître ces biais pour avoir une lecture plus précise sur nos comportements.

L’effet Hawthorne

Ce biais a pu être mis en évidence dans des recherches de Elton Mayo, qui étudiait les relations interpersonnelles et ses impacts sur le rendement et la performance. Après avoir changé certains paramètres des conditions de travail, comme l’éclairage par exemple, la performance des ouvriers a augmenté. Cependant, il a été montré plus tard que cette augmentation de la productivité venait finalement du fait qu’ils se sentaient observés, et non pas du changement de conditions de travail. On a donc appelé cet effet l’effet Hawthorne, en raison du nom de l’usine.

J’espère que cet article vous en aura appris davantage sur le fonctionnement d’un être humain et qu’il vous offrira une grille de lecture pour appréhender différemment les situations quotidiennes que vous êtes amené à rencontrer. Encore une fois, il ne s’agit que d’un infime échantillon des biais étudiés en psychologie.